pour la préservation d'un coffre-fort de la biodiversité

  

La semaine dernière, les membres du Madagascar Fauna Group se sont réunis à Paris. Cette association de 40 zoos et instituts universitaires travaille à garantir à long terme la biodiversité de Madagascar. Son but est de protéger des habitats et de développer l’élevage d’espèces en danger d’extinction, la recherche et l’aide à l’éducation.

Lors de cette réunion, ils ont notamment discuté du sort du Prolemur Simus, un lémurien surnommé parfois le « Panda malgache ». D’abord inclus dans le genre Hapalemur ou lémur bambou, pour son régime alimentaire presque exclusivement fait de bambou comme le panda géant de Chine, le Prolémur Simus est depuis 2001 classé comme l’unique espèce vivante du genre Prolemur. Considéré comme disparu jusqu’à sa redécouverte dans les années 1980, les connaissances scientifiques actuelles indiquent que c’est le plus rare et le plus menacé de tous les lémuriens. Endémique à Madagascar, ce lémurien a un visage noir et des yeux orange contrastant avec ses touffes de poils blancs distinctifs sur les oreilles.

Il existe des preuves pour démontrer qu’il était autrefois largement répandu à travers l’île. Il est actuellement limité à une petite partie de la ceinture orientale de forêt tropicale restante et une poignée de fragments forestiers isolés et dégradés. La population de cet animal a été en déclin depuis des années en raison de la destruction des forêts tropicales, de la surexploitation des bambous géants dont il se nourrit, de la chasse et potentiellement du changement climatique. L’estimation du nombre d’individus vivant dans la nature était jusqu’à récemment seulement d’une centaine. Mais en 2009, un inventaire dans la forêt tropicale de Madagascar a doublé son aire de répartition. Quelques groupes d’une trentaine d’individus chacun ont en effet été découverts au sud du Parc National de Ranomafana, portant l’estimation à 250-300 individus. Le Dr Russell A. Mittermeier, Président de Conservation International et expert de renommée en lémurien, a salué cette découverte comme « une étape franchie pour sauver l’un des primates les plus menacés du monde ».

Après une période de pessimisme des spécialistes de la conservation de la Nature à Madagascar, suite à l’anarchie récente et la poussée de l’exploitation forestière illégale dans les parcs nationaux qui risquent d’anéantir les succès précédents de conservation, cette découverte est un signe extrêmement encourageant. Pour autant, l’optimisme n’est toujours pas d’actualité, le sort de cet adorable animal reposant exclusivement sur un arrêt total de la réduction de son habitat, ce qui ne semble pas être à l’ordre du jour.

En danger critique d’extinction selon la classification de l’UICN, il fait partie des 25 espèces de primates les plus menacés de la planète.

Le petit Hapalémur que nous avons découvert le 15 janvier 2010 (ci-dessous), s’il s’avère être d’une nouvelle espèce ou sous-espèce, aura lui aussi, sans aucun doute, une place de choix dans cette triste liste tant son habitat est réduit et le nombre de ses individus limité. Il pourrait même alors être le primate le plus rare du monde. Une raison à elle seule suffisante pour que nous fassions tout notre possible pour préserver au plus vite le massif du Makay de la désertification.

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